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Atelier national d’échanges sur les stratégies d’implication des femmes engagées en politiques aux élections de 2025  compte tenu au nouveau découpage administratif

Atelier national d’échanges sur les stratégies d’implication des femmes engagées en politiques aux élections de 2025 compte tenu au nouveau découpage administratif

Dans le cadre du projet« Women Leadership and Participation for Peace » (LEAP4Peace) et conformément à son engagement à renforcer la démocratie et la gouvernance démocratique au sein des partis politiques, le BLTP a organisé à Gitega un atelier national d’échanges sur les stratégies d’implication des femmes engagées en politiques aux élections de 2025 compte tenu du nouveau découpage administratif. 

Cet atelier s’est tenu du 4 au 5/10/2024 et a réuni des responsables des ligues des femmes de 15 partis politiques, des membres délégués des bureaux de 15 partis politiques, 10 représentants d’organisations de la société civile et un délégué du ministère en charge du genre.

Dans son discours d’ouverture de l’atelier, le représentant du Ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique (MIDCSP) Monsieur Nzojibwami Dancie a rappelé que l’objectif du nouveau découpage administratif est de décentraliser le pouvoir en le transférant aux entités locales afin de le rapprocher de la population. Il a précisé que c’est une mesure qui va profiter à la population burundaise en général et que les acteurs politiques doivent se préparer et s’organiser en vue des élections de 2025 en tenant compte des nouvelles réalités administratives. Il a appelé les femmes à bien se préparer à ces élections et leur a rappelé que rien ne les empêche de dépasser le quota de 30% que la constitution leur accorde, notamment au sein du Gouvernement,  de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Avant le discours d’ouverture, le Gouverneur de Gitega, Monsieur Manirambona Venant  a pris la parole pour accueillir les participants et le Représentant du BLTP a profité de cette occasion  pour faire un petit rappel du cadre de l’organisation de l’atelier. Le Gouverneur de Gitega a commencé par expliquer les avantages du nouveau découpage administratif pour ensuite demander aux acteurs politiques et surtout aux femmes, de ne pas avoir peur de perdre leurs influences avec la nouvelle organisation administrative, mais plutôt de se préparer en conséquence aux élections. Le chargé de programme au BLTP, Monsieur Nintunze Emmanuel,  a quant à lui donné quelques conseils aux participants et leur a rappelé qu’ils sont réunis pour échanger sur les stratégies électorales à adopter en fonction du nouveau découpage administratif pour que les femmes puissent bien se préparer aux élections de 2025 et ainsi améliorer leur représentation dans les instances de prises de décisions, particulièrement les instances électives .

Au début de l’atelier, le facilitateur a invité les participants à réfléchir sur les changements qui vont intervenir avec le nouveau découpage administratif et sur ses conséquences sur le processus électoral. A l’issue des discussions, les participants ont conclu que de nouvelles stratégies s’imposent du moment qu’avec le nouveau découpage administratif, les communes et les provinces deviennent des territoires élargies passant respectivement de 119 communes à 42 communes et de 18 provinces à 5 Provinces.

Dans les échanges qui ont suivi, il est apparu que les femmes craignent de voir leur niveau de participation dans les instances de prise de décision se réduire avec le nouveau découpage administratif.  Pour elles, les principales causes de la sous-représentation des femmes au sein des formations politiques, notamment le poids de la culture,  le manque de moyens financiers et matériels ainsi que le manque de temps vont s’amplifier avec le nouveau découpage administratif. La culture burundaise a été présentée comme une importante barrière à l’amélioration de la représentation des femmes dans les formations politiques et surtout dans les instances dirigeantes de ces dernières. La femme doit en effet concilier ses obligations familiales avec les responsabilités liées à sa carrière politique. Elle doit participer dans les activités politiques et rentrer tôt pour s’occuper des tâches ménagères et des enfants, une contrainte que les hommes ne rencontrent pas. En plus de cela, pour éviter de mettre en danger leurs foyers respectifs, les femmes se sentent obligées d’être membres du même parti politique que leurs maris et évitent de concourir pour un poste convoité par ces derniers ou de viser un poste de niveau égal ou supérieur à celui qu’ils occupent. Pour contrebalancer cette déclaration, d’autres participants, surtout de sexe masculin ont soulevé l’incompétence des femmes comme une des causes principales de leur faible participation au sein des partis politiques, surtout dans les instances dirigeantes. Cette cause a cependant été écartée au cours des débats.

Les participants (surtout les femmes) ont également cité le manque de temps et de moyens financiers qui touchent surtout les femmes comme une autre cause de leur faible représentation dans les organes de décision des formations politiques, ce qui diminuent leur chance d’occuper les autres instances de décision. En effet,  pour mériter une place dans les instances dirigeantes des partis politiques, il faut participer aux réunions, aux recrutements des membres, aux campagnes électorales, etc. Cela demande parfois de faire des déplacements dans d’autres communes ou provinces et d’y passer la nuit si nécessaire. Et comme l’ont affirmé les femmes qui ont participé à l’atelier, la femme burundaise n’a pas la possibilité de passer beaucoup de temps en dehors de son foyer et surtout de loger en dehors de ce dernier. Ses nombreuses obligations familiales limitent beaucoup sa mobilité, et elle n’a pas non plus les moyens financiers (pour le transport, l’alimentation et le logement) nécessaires en cas de déplacement vers des localités éloignés de son foyer. Et même si elle avait le temps et les moyens nécessaires, il lui faudrait encore avoir la permission de son mari pour se déplacer en dehors de sa région de résidence. Ainsi, le combat des femmes pour occuper les instances de décision sera plus rude avec le nouveau découpage administratif qui réduit énormément le nombre de postes à pourvoir tout en rendant plus vaste les entités administratives à couvrir.

Les débats ont permis de rapprocher certaines positions qui paraissaient irréconciliables au début de l’atelier. Certains hommes qui accusaient les femmes de vouloir récolter ce qu’ils n’ont pas semé (Abakenyezi nti bakunda kumena umushike) en se manifestant en  se manifestant seulement durant les périodes électorales ont adouci leurs positions tout en gardant certaines réserves. Ils ont admis que le temps que les femmes peuvent consacrer  aux activités politiques est réduit suite à certaines contraintes d’ordre socioéconomique. Ils ont cependant continué à fustiger leur manque de solidarité. . Certains hommes ont en effet relevé le fait que les femmes manquent de voix durant les élections alors que l’électorat est en majorité composé de femmes. Ils ont allés jusqu’à déclarer  que beaucoup de femmes digèrent difficilement d’être sous l’autorité d’une autre femme.Après les débats qui ont permis de dégager les causes de la faible représentation des femmes dans les partis politiques et dans les instances de prise de décision en général, les participants ont travaillé ensemble pour élaborer des stratégies pouvant permettre aux femmes d’accéder aux places stratégiques et ainsi augmenter leurs chances d’être élues lors des élections de 2025.

Parmi les stratégies arrêtées figurent :

  1.      1. La conduite d’un plaidoyer pour l’adoption de meilleurs quotas et le respect des quotas adoptés afin d’augmenter l’effectif des femmes dans les postes électifs. Le plaidoyer devra également viser l’instauration d’un quota pour les femmes au niveau collinaire et dans les postes de décision non électifs.
  2.      2. L’organisation de formations sur la masculinité positive pour amener les hommes à être plus ouverts notamment sur le partage équitable des tâches ménagères. Cela permettra à la femme d’avoir un peu plus de temps à consacrer aux activités politiques. Cette campagne pourrait aussi aider les hommes à accorder à leurs femmes plus de liberté dans leurs choix politiques. Les ONGs nationales et internationales engagées dans la promotion des droits des femmes ont été invitées à se mobiliser pour former les hommes et les jeunes à cette thématique. 
  3.     3. La sensibilisation des femmes en faveur d’une meilleure solidarité entre elles en vue de la promotion de leurs intérêts communs. Dans le même ordre d’idées, les femmes leaders déjà élues et en fonction au niveau national devraient revenir à la base afin d’encourager et de coacher les femmes qui voudraient se porter candidates au niveau communal et collinaire.
  1.     4. L’appui aux initiatives visant l’autonomisation économique des femmes, particulièrement les femmes membres des partis politiques, pour qu’elles aient les moyens suffisants pour honorer leurs engagements politiques.
  2.      5. Le renforcement de capacités des femmes membres des partis politique en vue d’accroitre notamment leur estime de soi et leur confiance en elles-mêmes : elles doivent apprendre à oser convoiter et conquérir des postes stratégiques au sein de leurs partis politiques parce qu’elles ne sont pas de nature moins compétentes que les hommes mais ont seulement besoin d’autant d’opportunités que ces derniers.
  3. Avant la clôture de l’atelier, le chargé de programme au BLTP a remercié le Ministère en charge de l’intérieur et le Gouverneur de la province Gitega pour leur soutien à l’organisation de l’atelier. Il a également remercié tous les participants pour leur présence et leurs contributions constructives.

Dans son discours de clôture de l’atelier, le représentant du MIDCSP a remercié le BLTP pour l’organisation de l’atelier et a demandé aux participants de s’impliquer pour mettre en œuvre les stratégies qu’ils ont eux-mêmes identifiées. Il a appelé les femmes à s’impliquer d’avantage au sein de leurs partis politiques respectifs pour mériter leurs places dans les instances dirigeantes de ces derniers afin de gagner ainsi la même chance que les hommes de figurer sur les listes électorales. Il a terminé son discours en ces termes, s’adressant particulièrement aux femmes : « Travaillez ensemble pour améliorer votre représentation dans vos partis politiques, vous provenez de plusieurs partis mais votre cause est la même, vous devez avoir la force de surpasser vos différences liées à vos affiliations politiques ».